9ème article : Madhia - Lampedusa

Publié le par Lucie et Fabio

 
15 janvier 2010, vent secteur Ouest force 4, nous quittons Madhia, travers au vent, direction le port de pêche de la Chebba à 17 miles au sud. Dans la nuit un vent tempétueux se lève. Un bruit nous réveille en sursaut, et vlan ça recommence, branle bas le combat, tous les pares-battages relevés, le bateau amarré de flan, cogne contre le quai ! Finalement à part quelques éraflures sur la coque, pas de dégâts.

Le lendemain nous nous rendons au village de la Chebba à 4 kms du port où nous dégustons un énorme couscous abondamment  épicé accompagné de frites et de salade pour la modique somme de 2 dinars par personne (environ 1.85 €). Nous faisons l’acquisition d’un « Kanoun » ingénieux barbecue tunisien fait de récupération de tôles, en prévision de nos soirées grillades au mouillage.

 



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Port de Sfax

17 janvier 2010, vent d’ouest sud ouest modéré départ vers Sfax par le chenal de la Louata puis des Kerkennah. En chemin, nous retrouvons Pomméliane. L’arrivée de nuit à Sfax est assez ardue, car plusieurs bouées du chenal d’entrée sont éteintes. Nous évoluons donc doucement, Fabio à l’étrave (avant du bateau) éclaire l’eau avec le projecteur afin d’éviter la collision avec les bouées non allumées.
A Sfax nous retrouvons le système des marées, petit vent de nostalgie bretonne. C’est une marée d’environ 1m30 (A Gabes jusqu’à 2m10), semi-diurne, c'est-à-dire toute les 6 heures, comme en Bretagne. Il faut donc mollir les amarres et vérifier la hauteur des pares-battages régulièrement.

 

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marée basse ...                                                            6 heures plus tard, marée haute

 
Deuxième agglomération du pays, premier port de pêche de Tunisie, Sfax est une grande ville industrielle et moderne, au syndicalisme fort. La seule ville ou le port du casque est obligatoire !!! C’est une ville peu touristique qui dispose d’une médina effervescente et commerçante organisée par quartiers : textile, menuiserie, ferronnerie, épicerie… chaque rue à sa spécialité. On marchande tout ici et c’est pas cher, pas cher ! 

Le 21 janvier 2010, 06H30, départ 1er essai, nous tentons de quitter Sfax direction Djerba, un drôle de bruit au niveau du moteur nous ramène rapidement sur le quai, quelque chose c’est pris dans l’hélice. Un petit bain matinal dans l’eau froide du port s’impose donc, afin de récupérer l’amas de sacs plastiques entortillé autour de l’hélice. 07h30, départ 2ème essai, c’est parti, toujours en escadre avec Pommeliane, nous évoluons bon plein (environ 60° du vent)  direction le port d’Houmt Souk à Djerba, belle navigation sous le soleil.

 



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Pommeliane

 
Après l’étroit chenal d’entrée, nous arrivons dans la Marina d’Houmt Souk, aux pontons flambants neufs. Pendant 10 jours, nous faisons les touristes ! Après une journée de balade vers l’Ile aux flamands roses, sur le Catamaran Pomméliane, avec festin de poissons grillés au barbecue et repas bien arrosé, nous accueillons avec bonheur Colette et Jean, les parents de Lucie, qui sont venus nous rejoindre, pour une semaine à Djerba.

Nous profitons de leur présence pour varier les plaisirs et découvrir les terres. Nous partons en louage direction Tataouine, aux portes du désert, non ce n’est pas une blague, cette ville existe vraiment ! Elle a été crée en 1912, pour accueillir la légion étrangère française, afin qu’elle surveille les tribus prêtes à la révolte. Un bagne y a été ajouté par la suite. De nombreux sévices étaient encourus par les détenus. Aujourd’hui la ville est connue pour son grand marché et ses cornes de gazelles (délicieuses pâtisseries).
De Tataouine, nous rejoignons Douirat, impressionnant village semi-troglodytique dans un paysage désertique.

 
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Ksar : signifie palais en arabe, ensemble fortifié composé
de ghorfa (greniers) où les transhumants conservaient leur récolte.

Nous passons une nuit dans un ancien bâtiment composé de plusieurs chambres troglodytiques, restaurées par l’ASNAPED (Association de Sauvegarde de la nature et de la protection de l’environnement de Douirat), belle initiative. Le lendemain, nous rejoignons à pied le village de Chenini (également semi-troglodytique).

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mosquée des 7 dormants

Retour sur Djerba via Medenine. Sur la route nous croisons de nombreuses stations services de fortune composés d’un amas de bidons. C’est de l’essence de contrebande venant de Lybie qui est vendu moitié prix !

Le lendemain, nous sillonnons l’intérieure de l’île à vélo.

 

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Très aride, le centre de l’île composé de palmiers, d’oliviers et quelques menzels (fermes djerbiennes) contraste fortement avec la partie nord est de l’île envahi de complexe hôtelier. Les fermiers djerbiens quittent leur terre à cause du manque d’eau et de l’inflation des prix, tandis que les hôtels avec piscine et terrain de golf fleurissent pour accueillir le flot de touristes. Enfermés dans des structures hôtelières « All inclusive », les touristes n’ont souvent pas conscience de ce qui se passe derrière les « remparts » de l’hôtel et de leur impact sur l’environnement.

 



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En fin de semaine nous organisons avec les parents, une petite balade en bateau et nous tentons l’expérience du Hammam (matin pour les hommes, après-midi pour les femmes). Le lieu est plutôt rustique,  mais c’est un véritable point de rencontre où tout en se frictionnant aux gants de crin les femmes parfois avec des enfants en bas âges se reposent et échangent. Le Hammam fut pendant longtemps la seule sortie autorisée aux femmes.

Une semaine bien remplie et c’est déjà le départ, vers la Loire Atlantique pour les parents, de notre côté direction les îles Kerkennah. Archipel de 2 îles toutes plates entourées d’eau de 50 cm à 1 mètre ! Vent Sud Ouest, nous partons au largue sous spi mais le vent fraichit pour atteindre dans l’après-midi 25, 30 nœuds. Des vagues courtes et hachées se forment.
Nous arrivons devant le chenal naturel d’Al Attaya long de 4 Miles (environ 7 kms). La marée est haute, nous ne pouvons donc distinguer les bords du chenal à l’œil nu, de plus le balisage réel et celui mentionné sur le logiciel de navigation ne correspond pas. Nous n’avons donc pas les conditions optimales pour emprunter le chenal ! Heureusement, nous apercevons un bateau de pêche, qui nous fait signe de le suivre. Gaz à fond, pour contrer le courant et  le vent, nous rentrons donc dans le chenal, un œil sur le sondeur et l’autre sur notre guide. On y est presque, la tension et la vigilance se relâche, nous reproduisons approximativement la courbe du bateau de pêche pour l’entrée au port, et pof, on s’envase à 10 mètres de l’entrée. La poisse ! C’est la fin de journée et il y a du trafic, un autre bateau s’arrête et nous aide à nous dégager, c’est bon, on est reparti. Mais quelque chose cloche, le moteur perd de la puissance et crache un inquiétant dépôt noir. Nous avons juste le temps de nous déposer sur le quai avec l’inertie du bateau.
Après quelques vérifications, rien de grave, un filet s’est entortillé autour de l’hélice, un nouveau bain s’impose pour Fabio, préposé à la plongée. L’île est habitée principalement par des pêcheurs très accueillants. On nous invite au café du coin à prendre le thé et fumer la chicha. Un pêcheur tunisien Sabri, nous prête sa voiture le temps de sa sortie en mer et nous amène même jusqu’à Sfax pour effectuer les formalités de sortie du territoire tunisien.

 

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quelques pecheurs pratique encore la pêche sur ces barques
équipées de voile latine, appelées felouques



Durant notre séjour en Tunisie, nous apprenons beaucoup sur les techniques de pêche. Certaines sont communes à toute la Tunisie : les traditionnels chalutiers, la pêche à la traîne avec appât pour l’espadon, la pêche à la lampione (une barque, nommée lampione, équipée de projecteur éclaire l’eau pour attirer les poissons, un bateau mère encercle le lampione avec un filet tandis qu’une deuxième barque retient l’extrémité du filet).

D’autres sont spécifiques aux Kerkennah. Au port d’ El Attaya la spécialité est la pêche à la sautade (les hommes plantent dans les fonds marins de moins d’un mètre des cloisons verticales faites de palmes séchés, les hommes frappent la surface de l’eau avec des palmes pour effrayer les mulets qui cherchent à s’enfuir et sautent alors dans les filets fixés horizontalement derrière les claies), et la pêcherie fixe, (voir schéma).

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Pêche à la sautade ou pêche au mulet

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pêcherie fixe: les poissons à marée haute se nourissent dans les bancs de sable fuient avec le courant à marée basse pour rejoindre le chenal et éviter de s'échouer. Des cloisons de palmes séchés bloquent leur passage, ils sont donc contraints de les longer et se retouvent emprisonner dans les filets

On trouve également la pêche à la gargoulette, également pratiquée à Djerba et à Sfax : une série de gargoulettes’ c'est-à-dire de petites amphores en terre, sont déposés au fond de l’eau, le poulpe qui n’a pas d’hébergement fixe s’abrite dans ce vase. Après quelques jours le pêcheur remonte les gargoulettes et ses locataires avec. Cette technique est utilisée à partir de 5 mètres de profondeur. Dans les eaux moins profondes, les fonds sont divisés en parcelle, chacune appartient à un propriétaire. Sur ces parcelles chaque propriétaire dispose des briques creuses où les poulpes viennent se loger.
Au port d’El Kraten, la spécialité est la pêche à l’éponge traditionnellement effectuée en apnée.

 

Le 03 février, vent secteur sud Ouest 4, 5 beaufort, vente arrière voile en ciseau avec solent tangonné (pour les voileux) nous quittons la Tunisie et sa chaleur humaine, direction Lampedusa. En chemin nous croisons une couple de tortue Caretta Caretta, tortue commune du sud de la  méditerranée. Arrivée de nuit au port de Lampedusa.

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M
<br /> Salut a vous,<br /> Pas mal la photo de la mosquée des 7 dormants avec Fabio en résistant afgan. Bon maintenant sans la barbe ca fait moins moudjahidine... mais ca te va pas non plus. (meme si Paul n'est pas de cette<br /> avis) Il parait qu 'Emile et Luciana viennent vous voir en mai quand vous serez en grece ! Ah!! les veinards. Pour nous ca va etre + difficile avec Marie enceinte juqu'au cou. On pense bien a<br /> vous.<br /> Marco<br /> <br /> <br />
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A
<br /> salut a vous 2, aparament la vie est toujours aussi dur pour vous. pour nous c est le petit train train. bientot fini la saison de snow et la saison de kite bas son plein. les beaux jours arrive<br /> pour nous, profité de votre periple et continué a donner des nouvelles.<br /> a bientot ingrid et anael<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Merci Lucie et Fabio pour votre blog que permet de suivre de loin votre belle adventure.<br /> Bon vent,<br /> Roberto.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> pêcherie fixe. apres avoir longé les barrages formés par des palmes enfoncées à 50 cm, les poissons se trouvent prisonniers dans des chambres et par suite dans des nasses (et non etranglés par les<br /> filets).Ils y sejournent une journée ou deux jusqu'à le retour du pêcheur. Les poissons restent en vie à jeune, ce qui leurs procure les qualités estimées par les gens de la region voir de tout le<br /> monde. Ses poissons sont même exportés vers des pays de l'europe.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> coucou Ici, temps couvert vent force plate,<br /> hygrométrie 90 % Soleil nul et couché lune invisible.<br /> A la Roulais nous mangeons les cornes de gazelles accompagnées d'un moelleux Bergerac 2002 Luciana Letizia(de Rome)et Emile dégustent les douceurs Tunisiennes en regardant les photos des vacances<br /> de Djerba et<br /> les dernières nouvelles du Blog gros bisous des deux familles<br /> <br /> <br />
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