11ème article : Syracuse – Friskardos (Grèce)
Le 03 mars 2010, vent secteur Nord Ouest basculant Nord Est, nous évoluons au près dans la grisaille. Après avoir fait le plein de carburant au grand port de Catania, nous nous amarrons au charmant petit port d’Acci Trezza . Avec ses grands rochers volcaniques qui surgissent de l’eau et l’Etna en toile de fond, Acci Trezza est un des lieux de passage « supposé » d’Ulysse lors de sa rencontre avec le cyclope. Pour la petite histoire : Ulysse et ses compagnons sont retenus prisonniers dans la caverne du cyclope Polyphème. Ulysse qui déclare s’appeler personne enivre le cyclope avec du vin des dieux et lui crève l’œil avec un pieu. Ulysse et ses compagnons quittent ensuite la caverne en se cachant sous le ventre des moutons et se rembarquent. Polyphème aveugle et furieux arrache la cime des montagnes et les jettent sur le navire d’Ulysse.
Acci Tezza
Nous quittons Acci Trezza, et sa sympathie typiquement italienne, avec un sac d’oranges et de mandarines offert généreusement.
L’Etna « il monte dei monti », volcan actif du Nord Est de la Sicile, haut d’environ 3300 mètres, malgré ses ravages, ses pentes sont très urbanisées avec notamment la ville de Catania qui compte plus de 300 000 habitants. D’après ce que l’on nous a dit, chaque année il y a des éruptions de plus ou moins grandes importances (couler de lave, pluie de cendres …). A force d’observer ce volcan nous avons cru apercevoir de la fumée … mais … peut-être était-ce le fruit de notre imagination.
Le 05 mars 2010, vent secteur nord, nord ouest faible. Le départ initialement prévu vers minuit se retrouve décaler de quelques heures. Toujours eu du mal avec les réveils matinaux ! Finalement nous décollons à 06H30 direction la Calabre, une navigation en grande partie au moteur exceptée dans le prolongement du détroit de messine où nous touchons du vent de nord. Arrivée de nuit au port de Rocciella Ionica.
Nous restons une semaine dans ce port assez retiré, lieu de passage des bateaux vers la Grèce. Pendant quelques jours nous vivons dans un univers humide et froid. Nos cirés sont mouillés et ne parviennent pas à sécher à cause de cette pluie discontinue. L’électricité ne fonctionne pas donc pas de chauffage, nous empilons donc les couches de vêtements. Le bateau commence à goutter par le hublot de la cabine avant, ce qui rend notre literie bien moins attractive. Nous devons dormir chacun collé à la cloison pour éviter qu’une goutte nous tombe sur le nez. C’est le pied !
Mis à part ces désagréments climatiques, nous faisons la connaissance de Giovanni (dit Jani) un vieux bonhomme, parlant un français parfait, vivant sur un beau bateau de voyage en Aluminium. Il a navigué pendant de nombreuses années, et même rencontré Moitessier. Pour ceux qui ont lu « La longue route », Jani est l’italien qui lui offre le sextant.
Le 10 mars le vent se calme mais une forte houle de secteur sud et un banc de sable situé à l’entrée du port lève une houle déferlante qui rend impossible notre sortie du port.
Les vagues qui nous empêchent de sortir du port, impressionnant, non !
Le 12 mars 2010, vent variable faible après une sortie du port périlleuse, dut au déplacement du banc de sable, nous évoluons au moteur direction Crotone. Notre idée de départ était de traverser directement vers la Grèce, mais le vent basculant Est et la grande distance à parcourir (200 miles) nous fit choisir une autre option. Cette navigation jusqu’à Crotone, nous permet de sortir de ce port capricieux et réduire notre traversée vers la Grèce de 40 miles. Nous prenons la fenêtre météo suivante et quittons la Calabre le 15 mars à 05H00 du matin en direction de la Grèce.
Crotone, sous la pluie
Vent secteur Nord Ouest 20/25 nœuds avec rafales à 30, nous naviguons, au largue, sous solent, Grand Voile arisée, dans une mer agitée. Une navigation sportive qui nous a valu quelques bons surfs selon Fabio quelques coups de stress selon Lucie. Le vent basculant Est, nous finissons la traversée au près, pestant de voir les îles à portée d’étrave et de mettre des heures à les rejoindre. Le 16 mars 16H00, nous amarrons au port de Sivota sur l’île de Lefkas. Grèce nous voilà !
Port Sivota
Selon la légende, la mer Ionienne doit son nom, à la déesse Io, une prêtresse d’Héra, qui devint momentanément la maîtresse de Zeus. Héra découvrit que Zeus la trompait. Craignant sa colère, Zeus changea Io en génisse blanche. Pour ne pas être en reste, Héra envoya un taon pour tourmenter l’infortunée Io, qui, pour s’en débarrasser plongea dans la mer.
Depuis une semaine nous faisons du cabotage dans les îles ioniennes avec une météo très favorable, soleil et brise thermique, jusqu’à aujourd’hui, il pleut. Les paysages sont superbes et nous sommes quasiment seuls car la saison touristique n’a pas encore commencée, c’est donc très paisible. Nous avons fait notre premier bain il y a quelques jours sur l’île Atoko, la mer était certes froide mais pas plus qu’en Bretagne en pleine été !
L'île Kastos L'île Atoko Kioni, Ile d'Ithaque (patrie d'Ulysse)
La communication se fait par l’anglais, que les grecs en général maîtrisent bien, cela dit, attention à l’accent ! Nous tentons d’apprendre quelques mots de grecs afin de favoriser le contact. Pas évident car l’alphabet et la prononciation sont très différents du français.
Nous quittons le port vénitien de Friskardos en Céphalonie aujourd'hui. Prochaine étape le Golfe de Patras et le Canal de Corinthe.
Friskardos sur l'Ile de Céphalonie