13 ème article : Lavrion – Anafi : Les îles des Cyclades

Publié le par Lucie et Fabio

 

01 mai nous partons retrouver les parents de Fabio à l’aéroport. C’est un jour férié, et des manifestations sociales sont prévues sur Athènes suite à l’annonce du plan de rigueur. Nous craignons, une perturbation des transports en commun. Nous rejoignons donc l’aéroport d’Athènes de bonne heure. Après une journée d’attente dans les halls, nous accueillons Luciana et Emile, et rejoignons le port de Lavrion. Finalement, métro et bus de ville sont en grève mais les bus régionaux semblent fonctionner normalement. Pour fêter l’arrivée des parents Savary, moussaka, au menu.

 Le 02 mai, après une semaine à jouer au chat et à la souris avec les autorités du port, nous quittons Lavrion en direction de l’Ile Kéa, comme d’habitude sans avoir vu le percepteur portuaire et donc sans payer. Normalement des droits de port (environ 4 €/jour pour un bateau de 9m50) sont perçus dans les ports grecs mais en pratique ces encaissements sont très rarement effectués.  Vent d’ouest faible, navigation à la  voile puis au moteur. Nous nous amarrons sur coffre (bouée reliée à une chaîne ou une dalle en béton au fond de l’eau), dans la baie de Vourkari. Le lendemain, nous alternons stop et marche à pied pour rejoindre le village de Ioulis, chef lieu de l’île. Nous déjeunons dans une taverna : traditionnelle salade grecque (tomate, oignons, fêta, olives noires), courgettes à l’huile d’olive, oktapodia (poulpe) sur le grill avec filet d’huile d’olive. La cuisine grecque est assez simple, à base d’huile d’olives, légumes, riz, viande ou poisson. Nous avons pu goûter quelques spécialités, le tzatziki, bien connu (yaourt, concombre et ail haché), les dolmates (feuilles de vigne farcies de riz et de viande), les Keftedes (boulettes de viandes frites) et en dessert le yaourt au miel. Pour les gourmands, le Kadaïfi (pâte en filaments, fourrée de noix, d’amandes ou de pistaches, nappée de miel) très sucré et surtout très collant.

 

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Nous poursuivons notre route vers le lion de Ioulis, cette sculpture daterait du 6ème siècle avant JC. Avec son sourire sympathique ce lion ressemble plutôt à un gros matou. Nous arpentons le sentier qui descend dans la vallée, où la végétation est plus abondante, oliviers, amandiers, figuiers, et arbustes du maquis, mélange de senteurs.

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Emile, l'explorateur

Le 04 mai, pétole, navigation principalement au moteur, pour rejoindre l’île de Kithnos à environ 15 miles au sud est de Kéa. Nous jetons l’ancre à Ormos Fikiadha. Nous quittons le navire pour explorer, Emile en chef de troupe, ces terres arides sillonnées de murets de pierres, d’habitations en ruines et jalonnés de petites chapelles blanches. Le silence, seulement troublé par les clochettes des chèvres qui paissent dans les collines.

 

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mouillage de Fikiadha                                        murets de séparation de parcelles

Le 06 mai, départ vers Siros. Nous accostons à Finikas, port accueillant de nombreux bateaux français. Nous rencontrons Gauthier et Oriane, anciens stagiaires des Glénans, également en année sabbatique, partis pour un tour de la méditerranée depuis le mois de janvier. Nous sommes heureux de discuter avec de jeunes navigateurs, comme nous ! Nous échangeons nos expériences et nos impressions du voyage. Nous visitons Ermoupoli, capitale des Cyclades, ville vivante étagée en quartiers bien différents. En bas, la ville néoclassique bâtie au 19ème siècle, centre administratif et commercial. En haut, à gauche Ano Siros la ville catholique, construite à partir du 13ème siècle, dominée par sa cathédrale ; à droite Vrontado, quartier orthodoxe, bâti au 19ème siècle dont la cathédrale bleuté se trouve en contrebas.

 

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Ermoupoli

A l’entrée de la cathédrale catholique, nous rencontrons un sacristain, parlant français. Il nous explique avec une certaine prestance, l’histoire de l’église puis de sa vie. Après avoir abandonné la voie de la religion, il travaille comme menuisier sur des chantiers navals et dans la fabrication des meubles. Catholique marié à une femme de religion orthodoxe, nous percevons à travers son discours la difficile cohabitation de ces deux religions.   

 

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Le 08 mai, après une semaine de discussions et de découvertes, un bout de voyage ensemble, nous accompagnons Emile et Luciana au Ferry à Ermoupoli, pour les embrassades du départ.

Nous partageons la soirée avec nos voisins de bateau Charles et Viviane, qui nous donnent des informations sur les mouillages des Cyclades et du Dodécanèse. Skipper depuis 14 ans en mer Egée, ses connaissances nous sont bien utiles ! 

Le 09 mai, départ direction Sérifos, vent nord nord ouest, nous évoluons au largue avec 15 nœuds de vent. Après cette semaine de pétole, c’est agréable de naviguer à la voile. Nous passons quelques heures au mouillage dans une petite crique à proximité puis nous rejoignons le port de Livadhi. La Chora est construite sur un promontoire rocheux, enchevêtrement d’habitations recouvertes de chaux. Elle est accessible par un escalier. Derrière la Chora, nous traversons des collines sèches et rocailleuses inadaptées aux cultures et nous lézardons sur de magnifiques plages. Ile de contraste : beauté et misère. 

 

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Voici une bien curieuse légende de Sérifos : « … La grenouille figurait sur les anciennes monnaies de l’île car Sérifos passait pour en abriter un nombre incalculable. Mais elles avaient une particularité, remarquée par tous les auteurs anciens : elles étaient muettes. Ces grenouilles ouvraient bien la bouche à l’occasion mais n’émettaient aucun coassement. Pourquoi ? Parce que l’eau saumâtre de l’île les privait de leur voix dit Théophraste. Mais il y a une autre explication, la seule plausible évidemment puisqu’elle provient des dieux.  On dit que lorsque Persée (fils de Zeus, encore un !) aborda l’île après sa victoire sur la Méduse (une des 3 gorgones, dont Athéna, par jalousie avait transformé les cheveux en serpents et dont le regard pétrifiait les vivants), il était si harassé qu’il se jeta sur une plage pour y dormir. Les grenouilles firent un tel tapage qu’elles l’en empêchèrent. Alors Persée pria Zeus de faire quelque chose et Zeus rendit les batraciens muets. Depuis il semble que les choses est repris leurs cours normal  … » extrait du livre l’été grec offert par Emile.

Le 11 mai, nous décollons très tôt en direction de Snifos, pardon … Sifnos, où nous passons la journée. Habitée depuis des millénaires, l’île abritait autrefois des mines d’or et d’argent. Malgré la raréfaction de ces métaux précieux, l’île fut ensuite convoitée par les pirates. Les îliens tentèrent de résister en construisant des villages fortifiés à l’intérieur des terres. La paix revint. A partir du 17ème siècle des moines catholiques et orthodoxes y développèrent une intense vie culturelle. Effectivement, cette île qui dispose de vallons fertiles, est plus habitée et plus vivante que certaines de ses consœurs moins bien pourvues.

 

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 Kastro, ville fortifiée, juchée en surplomb du rivage. Capitale de l’île de 1207 à 1537.

Le lendemain nous poursuivons notre route vers Folegandros, île montagneuse et aride. Nous nous amarrons étrave à quai au milieu des bateaux locaux. Le soir armé de nos mitraillettes (série d’hameçon sur une ligne de traîne) nous tentons de pêcher dans le port. Par miracle, un poulpe se jette sur l’hameçon. Deux pêcheurs égyptiens rencontrés précédemment, nous montre comment le battre et le préparer.

 

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Au nord de l’île, nous découvrons de nombreuses maisons abandonnées, avec leur aire de battage, leur citerne à présent vide et leur jarre sans fond en guise de cheminée.

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 photo d'une maison abandonnée

Dans la plupart des îles, chaque maison, semblent avoir été construite sans aucun plan précis, pour le besoin des hommes qui y vivent. Cependant les constructions ne sont pas faites au hasard. Les ruelles de la Chora sont en général construites de façon parallèle au vent dominent (meltemi) qui souffle de secteur nord. Les cours closes sont entourés de hauts murs pour se protéger des vents. Les murs des pièces sont passés à la chaux pour renvoyer la chaleur du soleil et retenir dans la journée la fraîcheur de la nuit. Les toits terrasses servent à recueillir l’eau de pluie et alimenter les citernes en des lieux où les sources sont rares.

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Le 14 mai, nous nous dirigeons vers le port de Ios, pour nous abriter du gros temps annoncé. Ce port dispose de grosses pendilles, très sécu, en revanche les nombreux ferries qui rentrent dans la baie crée un fort ressac qui nous incite à rester autour du bateau. Nous rencontrons, Yol, Elsa et Ciber (18 mois), une famille de hollandais sur un bateau en acier d’environ 11 mètres. Il rentre d’un tour du monde de 4 ans. Leur périple prendra fin au mois d’août et il semble assez heureux de rentrer et de se poser après ce long voyage. Nous leur donnons quelques cartes et informations sur la Corse qu’ils souhaitent parcourir fin juin et ils nous parlent de leurs expériences, notamment le passage délicat de la mer rouge, organisé par Yol. Départ de l’Inde, 20 bateaux en escadre divisés en 4 groupes de 5, chaque groupe distant de 2 miles maximum. A la tête de chaque groupe, un chef d’escadre. En constante communication par VHF. En cas d’alerte l’escadre se ressert. L’Union fait la force. 2 objectifs, effet dissuasif du nombre et si un ou deux bateaux sont attaqués, les autres préviennent les secours. Tout c’est bien passé malgré quelques problèmes techniques et de communication entre les différentes nationalités.     

 

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une journée ventée sur l'île de Ios, comme l'indique le mouvement des palmiers

Le 18 mai, nous quittons Ios, vent d’ouest 5 beaufort, nous partons après le déjeuner en direction d’Héraklia, dans les petites Cyclades. Départ sous solent et arrivée sous spi !

Le lendemain, nous visitons l’île. Comme conseillé par Mathieu et Marion sur le guide Imray, nous effectuons la balade vers les grottes. Le panorama sur les îles des Cyclades est vraiment superbe. Nous rampons pour accéder dans l’une des grottes où le passage est très étroit et sombre, lorsqu’un bruit de grattement, nous indique que le lieu n’est pas inhabité. Marche arrière toute, nous nous carapatons en vitesse, pas très rassurés. Sans doute une chèvre ou bien …

 

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20 mai, vent sud ouest faible, nous évoluons bon plein jusqu’au port de Katapola sur l’île d’Amorgos. Comme nous l’avons expliqué plus haut, les ports en Grèce sont souvent peu gérés, voir même en friche pour certains (travaux entamé par les fonds européens, interrompus depuis et laissé en l’état. Pas de pendille dans la majorité des ports les bateau s’amarre sur ancre, ce qui crée pas mal de tension, voir même de franche insulte, entre les plaisanciers lors des arrivée et des départs. On est jamais vraiment tranquille lorsqu’on laisse son bateau !

Le soir, nous nous attablons dans une taverna pour déguster un psimeni raki (au miel et à la cannelle) et nous commandons du tarama (œufs de cabillaud salés mêlés à de la mie de pain), le serveur nous regarde surpris et nous ramène un quart d’heure plus tard un plat chaud composé de fêta chaude, huile d’olive, tomate et viande séché, un atarmas et oui, mon accent ne doit pas encore être exact, mais finalement c’était délicieux !

Le lendemain, nous faisons la connaissance de Philippe et Marie, deux personnes très différentes, colocataires de vacances, ils se sont rencontrés par le biais du site internet du guide du Routard, ne souhaitant pas partir seul en Grèce. Le concept est assez intéressant. Philippe, en possession d’une voiture de location, nous faire découvrir l’île d’Amorgos, qu’il connaît bien. Sous la pluie, nous découvrons le monastère de Chozoviotissa, à 300 mètres de hauteur, littéralement plaqué sur la falaise (autrefois couleur de la roche, le but était qu’il se fonde dans le paysage et ainsi ne soit pas pillé par les pirates). Des moines s’installèrent ici dès le 9 ème siècle, et le monastère fut occupé sans interruption depuis cette époque. Bras et jambes couverts, nous entrons dans ce lieu emprunt de silence. Curieux de la vie des deux derniers moines qui vivent dans ce monastère, des questions nous brûlent les lèvres, mais on nous informe discrètement qu’ici on ne parle pas. A la fin de la visite on nous reçoit dans une grande salle recouverte de portraits de popes et de chevaliers , on nous offre raki et loukoums.   

La population grecque est à 98% chrétienne orthodoxe. Le poids de l’Eglise est resté très important en Grèce, il n’y a pas de séparation de l’église et de l’état. L'orthodoxie est « religion dominante » selon l'article 1 de la constitution grecque, laquelle est promulguée « au nom de la simple et indivisible Trinité ». Les années scolaires commencent par une bénédiction. Depuis toujours, des icônes ornent la plupart des administrations publiques... Cependant, le caractère confessionnel de l'État grec s'atténue  peu à peu :
Le mariage civil a été reconnu en 1982, la mention de la religion sur la carte d'identité est supprimée depuis 2001, l'obligation des cours de religion orthodoxe est levée depuis 2008.

 

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déjeuner avec Philippe et Marie

 Nous poursuivons notre visite vers le sud de l’Ile, où se trouve l’Epave rendue célèbre par le film le Grand Bleu de Luc Besson. Certaines scènes du début ont été filmées sur l’île. Ce tournage à d’ailleurs donné une certaine notoriété touristique à Amorgos.

 

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Epave du Grand Bleu

Nous passons la soirée avec Philippe et Marie, à bord d’Aquavel, a échangé sur nos vies.

Le 22 mai, toujours sur Amorgos, nous découvrons les villages perchés du nord de l’île et goûtons au rakomelo, spécialité de Tholaria, raki au miel et clou de girofle, c’est sucré, sirupeux mais un peu traitre (alcool à 40°).

 

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Le 23 mai, nous quittons le port de Katapola, nous hissons les voiles dans la baie et progressons lentement au près en direction de Gramoussa, petit coin paradisiaque à quelques miles de là.  Après un bain de soleil et une trempette dans les eaux claires, nous débarquons sur la plage avec quelques victuailles pour un pique nique – barbecue. En attendant Fabio, (retour au bateau, oubli de la grille !), je me dirige vers l’anse d’à côté où sont stationnés deux bateaux de pêche. Dans l’eau j’aperçois une petite tête comme un chien qui nage, mais cela semble peu probable l’île est déserte, et les pêcheurs n’ont pas de chien ! Je me rapproche et je vois un museau, des moustaches, une peau lisse … c’est un phoque moine. Il plonge et j’aperçois son corps sombre et luisant et sa queue … magnifique. J’attends de nouveau, mais le phoque a disparu. C’est très rare, le phoque moine fait partie des 12 espèces les plus menacées au monde. On le trouve dans les eaux chaudes de la méditerranée et sur la côte atlantique du Maroc. Il resterait 500 à 800 de ces phoques, dont la moitié en Grèce.

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 24 mai, navigation au moteur sous pilote, nous avons tout le loisir de nous adonner à la lecture. Nous faisons route vers l’île de Santorin. Arrivée devant ses impressionnantes falaises où se mélangent les couleurs : lave noire, scories rougeâtre et ruban clair des pierres ponces. Nous prenons un coffre au pied de la ville de Oia. Nous partons à pied du nord de l’île en direction de Thira (ville nouvelle reconstruite après le tremblement de terre de 1956), en suivant le chemin des crêtes. Magnifique point de vue sur le volcan.

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 Quelques mots sur l’histoire de Santorin : Vers 2000 avant JC, sur l’île alors ronde et haute se développe une civilisation raffinée analogue à celle de la crête minoenne. Vers 1500 avant JC les gaz accumulés et compressés sous la lave provoquent une explosion gigantesque. Un nuage de cendres et de scories ensevelit des cités entières dont Akrotiri, retrouvée lors de fouilles en 1967. La ville de Thira sur Santorin, est un des nombreux sites supposés de l’Atlantide (civilisation antique qui aurait disparu lors d’une catastrophe naturelle). Les explosions successives transformèrent la configuration de l’île. Séparant cette dernière en deux et créant au centre du cratère un îlot volcanique.

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Sur cette photo l’éruption de 1939

 

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Fragments de fresques datant de 2000 ans av JC retrouvé à Akrotiri

26 mai, départ à la voile et navigation au moteur (pas de vent !) au milieu du cratère. Impressionnant !

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Nous rejoignons l’île d’Anafi et son minuscule port. Cette petite île peu abritée et difficilement accessible  est pelée et déserte. La chora, en surplomb, donne l’impression d’une ville fantôme avec ses maisons abandonnées et ses cafés vides. Après l’effervescence de Santorin, ça fait tout bizarre ! Nous attablons à la taverne Poppy unique bâtiment vivant du port. On nous sert 2 grands verres de raki transparent et très fort … ça dégoise. Nous nous partageons une part de moussaka pour éponger, à peine sortie du four, elle est délicieuse et fondante. Nous rejoignons le bateau à la rame un peu éméchés.

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port d'Anafi

Nous quittons les îles des Cyclades vers le Dodécanèse.

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L
<br /> On y était et on peut confirmer que tout s'est bien déroulé comme vous l'écrivez. Nous sommes plein de nostalgie. On voudrait y être encore. Des journées magnifiques !<br /> <br /> <br />
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D
<br /> hello, les marins de retour a Paris hier, on a du se croiser a santorin et hier a l aeroport !!! enfin bons souvenirs d Amorgos...<br /> et bravo pour votre projet !!!! bons vents et a bientot phil<br /> pour nous ca etat + qu ok !!!!!!!<br /> <br /> <br />
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