12ème article : Friskardo – Lavrion

Publié le par Lucie et Fabio

L’île de Céphalonie fait partie de la même zone sismique que les autres îles ioniennes. Le grand tremblement de terre de 1953 a complètement détruit toutes les villes de Céphalonie excepté Friskardo, qui a conservée ses pittoresques maisons du XIX ème siècle, aujourd’hui classées monuments historiques.

Le 24 mars, fin de matinée, nous quittons Friskardo direction le Golfe de Patras, sous un ciel couvert, sans vent, afin d’éviter une longue navigation au moteur, nous optons pour une escale dans la baie d’Ormos Ay Andréou sur l’île d’Ithaque (cette anse serait selon une version de l’Odyssée, le port de Télémaque). Le mouillage est étroit, afin de limiter l’évitage, deux aussières sont ramenées à terre, ce qui nous vaut quelques éraflures sous les pieds sur ces rochers acérés.

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Le 25 mars, vent secteur nord, nord est, 3 beaufort, nous entrons au près dans le golfe de Patras. Le vent favorable basculant travers, nous permet d’établir le spi pour quelques heures. Nous passons de nuit sous l’impressionnant pont suspendu qui relie Rion et Andirrion. Malgré le pont, de nombreux cars ferries naviguent encore entre ces deux villes. Nous avançons au près, tirant des bords entre les piliers du pont, un œil vigilent sur le trafic des ferries. Nous arrivons de nuit à Navpaktos, minuscule port, en forme de fer à cheval, bordé de remparts. La profondeur du port, ne correspondant pas aux informations du guide nautique, l’amarrage de nuit s’avère délicat. Les 20 centimètres d’eau sous la quille, nous incite, le lendemain, à trouver une place plus confortable. Nous sommes au centre de l’animation de la ville, brouhaha de cafés et de discothèques.

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Cette ville fortifiée, évoque sous son ancien nom de Lepante, la célèbre bataille navale de 1571.  Elle opposa dans le golfe de Patras, la flotte chrétienne, partie de Céphalonie, qui rassemblait des galères papales, espagnoles, génoises, napolitaines, maltaises et surtout vénitiennes a la flotte turque partie de Lepante (Navpaktos). L’objectif de la chrétienté était de reprendre le contrôle du centre de la méditerranée. Cette bataille fut une victoire écrasante pour la chrétienté mais elle n’entama pas la domination des turcs sur la Grèce.

Le 27 mars, Vent secteur ouest, navigation au moteur vers le port de Trizonia. Marina financée par des fonds européens, excellent abri de tout secteur de vent, mais abandonnée de toute gestion. De nombreux francophones hivernent dans ce port gratuit. Nous rencontrons Elvire et sa famille, résidant depuis 6 mois dans cette marina sur un magnifique catamaran de 17 mètres, construit par leurs soins en strip planquing. Nous participons à l’installation d’une baume sur un ancien chalutier anglais en acier, en cours de transformation en goélette. L’objectif étant de faire du transport de bananes à Madagascar ! Surprenant projet ! Dans cette marina, pleine de surprise, nous découvrons le catamaran « spirit of Gaia » de Monsieur Warham (architecte connu pour ses plans de bateaux d’inspiration polynésienne), ainsi que Ti bato, le bateau de Sulian rencontré à Bonifacio au printemps dernier.

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Malheureusement de nombreux bateaux sont laissés ici à l’abandon, et cette marina risque fort de devenir un port poubelle.

 

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Ketch en bois coulé dans le port suite à une voie d’eau et laissé en l’état depuis plus d’un an

29 mars, départ direction Galaxidhi, navigation au portant, avec en prime quelques dauphins, les premiers que nous voyons en Grèce. Le port et ses alentours sont vraiment charmants.

 

 

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Le lendemain, départ direction Corinthe, vent variable faible, navigation tranquille alternant voile et moteur. Nous passons la nuit au port de Corinthe. Au petit matin, en stand by devant le canal de Corinthe, nous attendons l’autorisation pour traverser. Ce canal reliant la mer ionienne et la mer Egée, évite un long détour par le sud du Péloponnèse. Dans l’antiquité, on tirait les bateaux à travers l’isthme sur une route pavée. En 67, Néron entreprit de creuser un canal. 6000 prisonniers furent employés à cette tâche mais le chantier fut abandonné au bout de 3 ou 4 mois. Le canal actuel fut commencé par une entreprise française et terminé par les grecs en 1893. Il fut élargi après les bombardements de la deuxième guerre mondiale. Il est long de 3.2 miles (environ 6 kms), large de 25 mètres. Les parois calcaires dans lesquelles il a été creusé s’élèvent à 76 mètres au dessus du niveau de la mer, au point le plus haut.

Le drapeau bleu apparait et le pont s’abaisse, autorisant le passage du canal. Nous sommes rapidement distancé par le bateau moteur qui nous précède, les autorités par VHF nous signale d’augmenter la cadence, hola, on fait ce qu’on peut. Moteur à fond, nous traversons le canal probablement le plus cher au km dans le monde !

 

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Nous arrivons dans le golfe Saronique, le décor change. Les côtes se couvrent de béton et des effluves de pétrole nous chatouillent les narines ! Le vent tourne et souffle en rafales. Il met nos nerfs à rude épreuve. Nous slalomons entre les cargos stationnés devant le grand port du Pirée (60% de l’industrie  grecque est concentrée autour de la capitale). Nous accostons dans l’avant port de la Marina Zéa (à proximité d’Athènes). Nous partageons une bière avec les habitants du bateau voisin, un feeling de 50 pieds. L’équipage est composé du propriétaire du bateau, un skipper et 2 journalistes spécialistes des pays des Balkans. Leur projet est de relier en 4 mois Venise au Danube en passant par la mer noire. Ils réalisent des reportages culturels sur les différents pays qu’ils traversent. Voici leur blog, si vous voulez en savoir plus :venisemernoire.org 

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Le lendemain, nous sommes réveillés au petit matin par les coups de klaxons des autorités du port ! La marina étant assez chère, nous nous activons pour effectuer l’avitaillement et le plein de gazoil, afin de la quitter au plus vite.

Nous passons la nuit suivante à Varzikà, petit port rempli de bateau de pêche dans la banlieue d’Athènes, puis au Cap Sounion, promontoire face au Péloponnèse et aux Cyclades, surplombé par les ruines du temple de Poséidon. Joli point de vue mais bourré de monde surtout au coucher du soleil.

 

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Le 03 avril, nous nous amarrons à Porto Rafti. Pendant une semaine, nous préparons le bateau pour l’arrivée de la famille de Lucie, préparation des cabines, pose des filets sur les filières, entretien du teck, avitaillement … Depuis que nous sommes en Grèce, nous nous étonnons du coût de la vie. En effet de manière générale les prix sont élevés (plus qu’en Italie et équivalent voir plus cher qu’en France pour certains produits). Par exemple un expresso dans un café coûte en moyenne 2.50 € ! Alors que le SMIC est d’environ 700 € par mois.

Le 09/04, débarquement de toute la smala. Julien (frère de Lucie), Christine et Lizon sont hébergés dans un hôtel à proximité et nous accueillons Agnès (sœur de Lucie), Alexandre, Louann et Eline à bord. Leurs séjours débutent par une chasse aux œufs de Pâques puis visite d’Athènes et de ses monuments antiques, virée en bateau sous les embruns et pique-nique improvisé pour les 25 ans de Julien. Nous partageons de joyeux moments ensemble.

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Le 15 avril, après le départ des Cadodie, nous partons en mer en direction des îles Pétaloi. Agnès à la barre et Alexandre au manœuvre accompagné de son mousse Louann. Tandis qu’Eline se balance dans son hamac dans la cabine avant ! Durant ces 2 jours au mouillage, nous dégustons un poulpe pêché par Alexandre notre chasseur sous-marin, et profitons des joies de la plage et du sable …

 

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A notre retour des îles, la veille de leur départ, quel n’est pas notre surprise d’apprendre que la plupart des aéroports européens sont bloqués par un nuage de cendres dut à l’éruption d’un volcan islandais. Leur départ est reporté de 4 jours, nous reprenons donc la mer direction Kéa, dans l’archipel des Cyclades. Nous partons en stop visiter Ioulis, chef lieu de l’île.

 

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Nous rejoignons le port de Lavrion, dans une mer houleuse, pour un dernier au revoir.    

Le gros temps annoncé pour toute la semaine et l’arrivée des parents de Fabio le 1er mai, nous incite à rester sur Lavrion, port sans attrait esthétique mais qui offre une bonne protection. Ce port, autrefois important pour l’exportation de ses extractions minières, sert aujourd’hui de base à de nombreuses compagnies de charter. Nous souhaiterions profiter de cette semaine de pause pour visiter la Grèce continentale, de nombreux lieux nous tentent les Météores, monastères bâtis sur de hauts rochers, le Péloponnèse avec les villes antiques de Mycènes et d’Epidaure mais les réalités matérielles (laisser le bateau plusieurs jours amarrer sur ancre, n’est pas très prudent) et budgétaires nous rattrapent. Nous optons donc pour la visite du musée archéologique national d’Athènes, accessible en bus. Ce musée est consacré à l’art antique, de l’époque néolithique (environ 6000 avant JC) jusqu’à l’époque romaine (à partir du 1er siècle av JC).

Nous sommes actuellement à l'aéroport dans l'attente des parents de Fabio. Demain nous ferons cap vers les Cyclades. 

 

 

 

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L
<br /> Depuis 2 semaines nous sommes de retour, tout de suite replongés dans la vie active. Nous avons encore sous les yeux les magnifiques paysages, resplendissant sous le soleil, et surtout nos deux<br /> marins que nous avons trouvés en pleine forme. C'était notre première navigation sur le bâteau de Lucie et Fabio. Il faut dire que nous avons été à la hauteur de la situation ! Nous avons tenu la<br /> barre avec beaucoup de savoir-faire !! Heureusement (pour nous) le vent était faible, parfois trop. Nous avons aussi beaucoup apprécié les ballades découvertes dans les îles, très arides mais avec<br /> beaucoup de traces de l'activité agricole ... passée, car aujourd'hui toutes les terrasses sur les pentes sont abandonnées.NOus avons aussi admiré les murs en pierres séparant les propriétés. Une<br /> belle semaine de dépaysement.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Salut les marins,<br /> Bravo pour ces petits cours d'histoire. Encore mieux que "2000 ans d'histoire".<br /> Nous avons eu les Parents Savary au tel qui revenaient de leur périple grec : ils étaient ravis !! On serait bien parti nous aussi mais Marie ayant une grossesse disons un peu difficile, on se<br /> contente de rêver avec vos photos. On attends vos prochains récits !<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Coucou à vous deux,<br /> Depuis votre départ nous vous suivons et de jours en jours on se dit que bientôt ce sera peu être nous. Nous revenons d'un week-end aux Lavezzi ou nous étions tout seul au mouillage, le pied!!! ça<br /> fait du bien de pouvoir ressortir en mer après l' hiver pourri, venteux que nous avons passé.<br /> Gros bisous et bon vent<br /> Nanou (sémaphore)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> tres bien vos commentaires sa fait plaisir vivement les vacances pour nous en tous qu a profiter a bientot anael et ingrid<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Petit coucou du sud de la France...où nous nous gelons (4°C à 16h un 4 mai...) ! J'ai lu avec plaisir vos commentaires. Bisous à vous deux ainsi qu'aux 2 Treillièrains en vadrouille ! Vivement le<br /> prochain récit !<br /> <br /> <br />
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